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Entretien Anne de La Forge, émailleur d’art contemporain

Anne de la Forge, émailleur d'art @Marion Saupin

Émailleur d’art contemporain, Anne de La Forge dialogue avec le feu pour vitrifier à haute température de la poudre de cristal sur un métal pur, le cuivre.

Alors que traditionnellement les émaux sont mis en œuvre sur des pièces d’orfèvre, Anne de La Forge choisit de mettre en scène ses émaux joailliers à travers des créations intérieures, singulières et décoratives.

Ainsi, l’émail libéré s’offre pleinement au regard et invite à s’évader au cœur de la matière. 

Quel est votre métier, Anne de La Forge ?

Je suis émailleur d’art sur métal. Mon métier consiste à vitrifier, à faire fondre à haute température, entre 750 et 900 degrés des émaux spécifiques appelés d’orfèvre ou de joailliers sur une matière pure. Entre l’or, l’argent et le cuivre j’ai choisi comme support le cuivre, pour me permettre de travailler des surfaces les plus grandes possible pour ce type d’émaillage.

Chaque émail est différent selon le support auquel il est destiné (terre, verre, lave, acier, laiton,  etc....)

Quand avez-vous créé votre entreprise ?

Mon activité a commencé comme architecte d’intérieur indépendante, puis infographiste et créatrice de bijoux. En 2007 j’ai quitté la Chambre de commerce pour m’inscrire à la Chambre de métiers et de l’artisanat.

Depuis six ans, je me consacre uniquement à l’émaillage d’art sur cuivre, à travers des créations décoratives intérieures sur mesure pour prescripteurs et particuliers (art mural, sculptures). J’aime aussi collaborer avec d’autres créateurs pour des pièces uniques :  ébéniste, passementier …

Anne de la Forge, création Archipel
@Marion Saupin

Pouvez-vous estimer le rapport entre le temps que vous accordez à la création, à la fabrication, et celui consacré à la gestion inhérente de votre entreprise ?

Il m’est difficile de répondre à cette question. La création est constamment présente dans mon esprit, j’ai une partie du cerveau qui est tout le temps en éveil, qui travaille … Je dirais plutôt que je divise l’année en grandes périodes, pendant lesquelles je vais faire les choses différemment : soit je vais me consacrer à la création, soit je vais me consacrer à la partie commerciale, soit en parallèle, à la communication et à la gestion. Dans les périodes creuses, la communication et les commandes prennent une place plus importante, il y a aussi une période de l’année consacrée aux salons, qui nécessitent une préparation, et un suivi.

Dans votre parcours d’artisan d’art, y a-t-il eu un moment où vous avez été confrontée à un défi, à un cap, dans le développement de votre activité ?

Oui, absolument. Je suis vraiment tombée amoureuse d’une matière oubliée.
Nous sommes peu nombreux à exercer, en France, cette profession. Et il a fallu que je développe mon entreprise avec cette inconnue, dans le secteur qui était encore peu valorisé que sont les métiers d’art.

De plus, mon approche contemporaine de la matière m’éloignait encore un peu plus des références traditionnelles connues par un certain public, comme les émaux de Limoges.
Mais j’ai vu dans ces trois principaux freins au développement - matière oubliée, difficulté d’un secteur, un public à rassurer - un formidable challenge à relever.

Une fois formée au savoir-faire, il fallait aussi que je me forme en tant que chef d’entreprise. Comment structurer mon projet ? Comment calculer un prix ? Comment être rentable ? Comment vendre ? Comment définir son profil client ? Comment gérer un salon ? Comment me faire connaître ? Comment communiquer ? Comment gérer une expédition à l’international ?

Et toute cette pluralité de fonctions qui font d’un chef entreprise un chef d’orchestre.
Je n’ai rien inventé, j’ai été chercher l’information. Je voulais être formée par des personnes compétentes mais surtout connaissant la spécificité de mon secteur, métiers d’art, pour ne pas me perdre dans des généralités et gagner du temps. Il me fallait du « sur mesure » et j’ai eu la chance de rencontrer Christine Dubuisson et de poursuivre l’aventure aujourd’hui avec AMEADE.
En résumé, je pense qu’il serait bien que le regard et les mentalités sur les métiers d’art changent.
Nous exerçons un métier, pour en vivre. Et pour cela nous devons nous former et agir comme n’importe quel chef d’entreprise.
Un métier d’art ce n’est pas un loisir créatif.

Quel est votre marché aujourd’hui ?

Mon marché est tourné vers le haut de gamme en France et à l’international. Je travaille pour des particuliers, des prescripteurs, pour des agents qui recherchent des créations sur mesure, uniques, pour singulariser leurs prestations et offrir une émotion.

Quelle est la place de la vente en ligne dans votre démarche commerciale ?

Aujourd’hui elle est minime.  Durant la période COVID, pour rester visible et tenter de vendre, j’ai créé une boutique en ligne. Je suis aussi sur la marketplace Empreintes.
Mais je me heurte une nouvelle fois à la problématique de la matière mal connue. Les clients qui achètent sont ceux qui ont déjà vu mes pièces lors des salons.
De plus, gérer une boutique ou sa présence sur une marketplace est, pour moi, très chronophage et je ne m’en occupe pas assez.

Avec le recul, et pour rebondir sur l’adaptabilité, de quoi êtes-vous le plus fière, le plus heureuse, dans votre parcours ?

Effectivement on ne peut pas travailler la matière sans savoir des capacités d’adaptabilité.
La plus fière ?
C’est d’avoir appris et grandi (je suis de petite taille 😉) et accepté le mot :  PATIENCE.
La plus heureuse ? De continuer à m’émouvoir et à m’émerveiller lorsque naissent mes pièces.

Que répondriez-vous un quelqu’un qui vous dit « je veux faire ce métier, et je veux en vivre » ?

Tant qu’on y croit, tant qu’on aime ce que l’on fait, que l’on vibre à chaque création, que l’émotion est là, on avance, on grandit et on ne lâche rien.
Et il faut aussi, je crois, rester soi, garder son âme, garder ses capacités à s’émouvoir.
S’émerveiller toujours, apprendre encore et tout le temps, accepter de se remettre en question pour être plus performant et parfois savoir lâcher prise et dire non.
Je lui dirais, à ce quelqu’un, « apprends et construis sur des fondations solides, reste animé par ta passion et Ose être toi ».

Anne de la Forge, émaillage en cours
@Marion Saupin

Anne de la Forge, émaillage @Marion Saupin

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